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Le stress des vacances en entreprise : les clés pour en finir

  • Photo du rédacteur: Nicolas Carré
    Nicolas Carré
  • il y a 1 jour
  • 9 min de lecture
Manager débordé et très sollicité par des collègues

Chaque fin d’année, c’est un peu le ballet Casse-Noisette mais version open space.

Pas de tutus ni de flocons au ralenti, mais une chorégraphie bien rodée : les to-do s’allongent, les équipes jonglent d’un projet à l’autre, tout le monde s’agite car tout devient urgent. Conclusion, on essaye de tout boucler dans la précipitation, on enchaîne les réunions jusqu’à la dernière minute… Et tout ça, au nom d’un moment censé nous reposer.


Mais une fois les vacances arrivées, il reste toujours une case non cochée : la déconnexion. On garde un œil sur sa boîte mail “juste pour vérifier”, le portable s’invite dans la valise, l’esprit reste au bureau même quand le corps est à la montagne (ou sur le canapé). Jusqu’à ce que le retour approche, et avec lui, la boule au ventre. Comme si le break n’avait jamais existé.


On finit donc par stresser avant, pendant, et après les vacances. Et à trouver ça normal.

Ce stress des vacances en entreprise, je le vois partout. Il a un coût humain, comme la fatigue chronique, la lassitude, le désengagement… Mais il a aussi un coût économique colossal, que peu d’entreprises identifient : surcharge, désorganisation, départs évitables, erreurs de pilotage, fatigue managériale… Et pourtant, on continue à répéter ce schéma en ce disant, au mieux, qu’on fera les choses différemment l’année suivante.


Il est plus que temps de casser ce système défaillant par une stratégie où les congés ne seraient plus une échappatoire qu’on paie au prix fort, mais un vrai levier de performance pour tout le monde.


Le stress des vacances en entreprise : un mécanisme devenu invisible


Homme en tenue de sport en train de faire un sprint dans le monde des entreprises

Avant les vacances : quand l’anticipation vire au sprint


Il y a quelques semaines, une manager que j’accompagne me décrit son mois de décembre comme un tunnel.

« J’avais prévu de lever le pied mi-décembre. Finalement, j’ai enchaîné les réunions jusqu’au 22. J’ai bossé le soir pour “clore proprement”, comme on dit. Et j’ai terminé à 22h la veille de mes congés, lessivée. »

Ce cas n’a plus rien d’exceptionnel. Il est devenu, au contraire, une norme dans beaucoup d’organisations.


Le temps d’avant les vacances est censé permettre de préparer la coupure, de transmettre et de sécuriser. Mais dans les faits, il se transforme souvent en sprint final. On tente de boucler en trois semaines ce qui n’a pas été traité en deux mois. On subit les urgences des autres et on accumule les réunions “dernière chance”. La sensation étrange de devoir mériter ses vacances s’est insidieusement normalisée.


Ce mécanisme a un effet particulièrement pervers car partir épuisé signifie qu’il faut la moitié des vacances pour simplement revenir à un niveau d’énergie normal. Et lorsque l’on revient, on est immédiatement happé comme si on n’était jamais parti. Résultat des courses pour les personnes comme pour les organisations : les vacances ne jouent plus leur rôle de régulation.


Quelques leviers simples, mais structurants


Homme actionnant un levier

Ce que j’ai aidé à mettre en place chez plusieurs clients, c’est moins une révolution qu’un vrai changement de logique organisationnelle. Voici quelques pratiques concrètes à mettre en place dès la prochaine période de congés :



  • Fixer une “date de gel” : 4 à 5 jours avant les congés, plus de nouveau dossier, plus de lancement de projet. On termine, on transmet, on atterrit.

  • Hiérarchiser les priorités avec l’équipe : définir ce qui est vital et ce qui peut attendre. Il est important que cela soit assumé collectivement.

  • Identifier les points de friction à l’avance : absences croisées, décisions bloquantes, dépendances critiques… pour éviter les urgences de dernière minute.

  • Mettre en place un indicateur de surcharge dans l’équipe : si quelqu’un commence à accumuler des points critiques à J-5, on réajuste ensemble.


J’ai effectué un accompagnement au sein d’une entreprise industrielle cette année où nous avons instauré une “semaine tampon” avant chaque période de vacances. Le principe est simple : on ne cherche pas à tout boucler et on sécurise l’essentiel. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Moins de pression, moins d’imprévus, moins d’erreurs et surtout, une vraie capacité à anticiper et atterrir efficacement.


Pendant les vacances : la déconnexion en trompe-l’œil


Ordinateur portable, appareil photo, smartphone et tongs posés sur une table en bois, illustrant le manque de déconnexion pendant les vacances

On parle souvent de droit à la déconnexion numérique mais dans les faits, c’est un droit que beaucoup n’osent pas prendre. De plus, le véritable sujet qui se joue est, en fait, la déconnexion mentale.


Il suffit de regarder autour de soi pour voir à quel point la dérive s’est profondément ancrée dans les mœurs : boîtes mail discrètement consultées “juste pour vérifier”, ordinateurs qui font le voyage “au cas où”, messages professionnels divers échangés à la volée. Sans oublier les fameuses notifications qu’on oublie volontairement de couper… parce qu’au fond, on n’arrive pas à lâcher complètement. Parce que, c’est bien connu, ne pas répondre à un message pendant vos congés pourrait mettre en péril l’avenir de l’entreprise… ou de votre carrière. A cela, ma grand-mère aurait tout simplement répondu « des indispensables, il y en a plein les cimetières ».


Cette semi-connexion permanente n’est pas anodine car elle crée une tension mentale qui empêche le repos véritable. On pense couper, mais on reste à portée. Et ce qui devrait être un temps de recul devient un temps de vigilance latente. Le cerveau ne passe jamais en mode “pause”.


Derrière ce phénomène, il y a rarement de la mauvaise volonté. Il y a surtout :


  • La peur d’être perçu comme désengagé

  • L’inquiétude de rater une info stratégique

  • La pression implicite de “rester pro jusqu’au bout”


Mais aussi, soyons honnêtes, un certain conditionnement. Quand on a appris à exister professionnellement dans l’urgence, le silence devient suspect alors on comble. On reste joignable et on perpétue un modèle qui épuise tout le monde. Je sais de quoi je parle car j’étais moi-même comme cela.


Comment se protéger pour vraiment couper


Collaborateur en train d'éteindre son ordinateur

Ce que j’ai observé dans les organisations que j’accompagne, c’est que la déconnexion ne se décrète pas. Elle se structure, s’assume, s’autorise.


Voici quelques leviers simples à mettre en place pour instaurer une vraie coupure, sans culpabilité :



  • Nommer un relais identifié, en interne ou en binôme, pour les éventuelles urgences. Cela réduit la tentation de “garder un œil”.

  • Préparer un message d’absence clair et posant les limites.

  • Couper toutes les notifications des outils pros (mail, Teams, Slack)


Il est important qu’au sein de l’entreprise, on stoppe la glorification des connectés. Ceux qui répondent en vacances ne sont pas plus engagés. Ils sont souvent juste plus inquiets. Les féliciter, revient à entretenir le système.


Un dirigeant que j’ai accompagné a pris une décision simple mais forte : il a écrit à toute l’entreprise, juste avant les congés, pour dire qu’il ne serait pas joignable et qu’il ne s’attendait pas à ce que les salariés en congés le soient. Il a ajouté : “On construit aussi notre efficacité dans notre capacité à nous arrêter.”

Ça a changé l’ambiance et a envoyé un message bien plus puissant que n’importe quel discours.


Après les vacances : quand le retour annule les bénéfices


Une salarié revenant de congés et déjà débordée, en train de travailler sur son ordinateur

Le retour de vacances devrait être un temps de relance en douceur et un sas de recentrage, mais dans la réalité, c’est souvent l’exact inverse.


Dès la réouverture de l’ordinateur, la vague arrive. Mails non lus, urgences réactivées, réunions reprogrammées dès le premier jour, dossiers qui ont “attendu ton retour”. Le décalage est brutal et le bénéfice des congés s’évapore en un temps record.

Ce que beaucoup de personnes me décrivent, c’est cette sensation de perdre en 48h tous les bienfaits de leurs congés. Pas parce qu’elles n’étaient pas reposées mais parce que l’organisation n’a rien anticipé pour accompagner la reprise. C’est un peu comme si l’absence n’avait jamais existé, qu’on avait juste mis sur pause… pour mieux accélérer ensuite.


On parle souvent de bien-être au travail, de prévention des risques psychosociaux, d’engagement durable. Mais très peu d’entreprises intègrent réellement la question de la reprise post-congés comme une composante stratégique, alors qu’elle l’est. Parce qu’un retour mal orchestré est une énergie gâchée, et parfois, un sentiment de découragement qui s’installe dès le retour des vacances.


Quelques ajustements simples mais puissants


Une équipe dans une salle de réunion travaillant sur un guide RH des bonnes pratiques

Le but n’est pas de tout révolutionner mais d’anticiper et de donner du sens à ce moment particulier qu’est la reprise.

Voici ce que j’ai vu fonctionner dans plusieurs organisations :


• Bloquer systématiquement une demi-journée sans réunion le jour du retour. Ce temps-là est précieux car il permet de reprendre ses repères, de traiter ses messages, de planifier la suite sans pression immédiate.



• Éviter les relances agressives du type “on t’attendait sur ce point”. Remplacer par “on a laissé ça de côté pour que tu aies le temps de revenir”.

• Organiser un point collectif de reprise, à 48h ou à J+3, selon les contextes. L’objectif n’est pas de faire le tour de tout ce qui a été “raté”, mais de partager l’état d’avancement, de remettre tout le monde à niveau et de repartir alignés.


J’ai accompagné une entreprise dans laquelle nous avons instauré un « rituel test » de rentrée très simple : aucune réunion avant 14h le jour J, une pause-café d’équipe dans la matinée, et un point d’alignement collectif juste après. En moins de deux semaines, ce rituel est devenu une évidence et a été adoptée par toute l’entreprise en se finalisant par la signature d’une charte RH.


Le vrai sujet : culture, posture, exemplarité


Homme en costume professionnel heureux de revenir au travail dans une ambiance saine

On pourrait croire que le stress des vacances en entreprise est uniquement une question d’organisation, de process ou de charge mal répartie. En réalité, c’est le symptôme d’un système plus profond : une culture du toujours plus, du disponible à tout prix, du professionnel irréprochable qui ne décroche jamais vraiment.


Dans cette culture, chacun absorbe, parfois sans s’en rendre compte, les signaux implicites envoyés autour de lui : le manager qui envoie des mails à 22h, le dirigeant répondant à un message le 26 décembre, le collaborateur qui est félicité pour avoir été joignable pendant ses congés.


Aucun de ces gestes n’est mauvais en soi mais, mis bout à bout, ils construisent une norme invisible, à laquelle chacun se conforme.

C’est cette norme-là qui empêche la déconnexion réelle, rend normal de partir en vacances lessivé, de rester connecté par “professionnalisme”, de revenir dans le stress dès le premier jour. Le point essentiel, c’est que tout le monde est concerné mais ne porte pas le même pouvoir d’agir.


Quand un dirigeant assume sa coupure, il donne un signal fort à toute l’organisation.

Quand un manager prend le temps de cadrer l’avant, le pendant et l’après vacances avec son équipe, il crée un espace d’autorisation collective.

Quand un collaborateur ose dire qu’il va réellement couper et le fait, il permet à d’autres de se l’autoriser.


Je pense à cette DRH d’une ETI, qui voyait ses équipes revenir de congés en apnée. Plutôt que d’attendre une solution miracle, elle a proposé un ajustement simple : un sas collectif de reprise, organisé à J+2. Un moment pour remettre à plat les priorités, clarifier les urgences réelles, et redonner du rythme sans brutalité.


Au fil des mois, ce rendez-vous est devenu un réflexe. A partir de là, d’autres pratiques ont émergé : allègement des relances, meilleure répartition des retours, et surtout, une forme de respiration collective que son équipe n’attendait plus.


Tout cela pour souligner que tout commence par une décision à portée de main, prise au bon moment.


Partage d’expérience : quand un dirigeant décide de vraiment couper


L’année dernière, j’ai accompagné un dirigeant d’un groupe de conseil qui, malgré les apparences, n’avait jamais vraiment déconnecté pendant ses congés.

Il pensait bien faire : garder un œil “au cas où”, répondre à quelques mails “importants”, rester joignable pour ses équipes. Mais à son retour de vacances de Noël, il m’a confié, presque gêné :

« En fait, j’ai passé quinze jours avec l’ordinateur sur la table basse. J’étais là sans être là. Ni pour mon équipe, ni pour ma famille. Et tout le monde a fini épuisé, moi y compris. »

Ce qu’il n’avait pas mesuré, c’est que son comportement avait servi de repère pour toute l’entreprise. En janvier, les équipes étaient tendues, désynchronisées, les managers à cran. Personne ne s’était réellement reposé mais tout le monde avait fait “comme si”.


Avec mon rôle de sparring partner, il a pu poser un regard différent sur la situation. Cette prise de recul a déclenché une vraie prise de conscience et il a travaillé sur deux leviers très simples :


  • Il a rédigé, et partagé en amont, un message collectif de déconnexion, clair, assumé, adressé à toute l’entreprise.

  • Il a posé une règle non négociable : aucun mail reçu pendant les vacances ne serait traité avant la date de reprise, pour éviter les effets de surenchère ou de rattrapage sauvage.


Lorsque nous avons fait le bilan trois mois plus tard, le ton avait changé.Les collaborateurs avaient compris que ce n’était pas qu’un discours et qu’ils pouvaient vraiment s’autoriser à couper sans risque.


Je me souviens de ce qu’il m’a partagé : « J’ai réalisé que c’était à moi de donner le signal. Le plus dur, ce n’est pas d’annoncer les choses mais de montrer que c’est possible. »

Ce qu’il a enclenché ce jour-là, c’est une politique RH à hauteur d’homme : visible, assumée et traduite dans les faits.


Conclusion : et si on arrêtait de faire semblant ?


Coach professionnel en séance avec un dirigeant d'entreprise dans un cabinet de conseil

Les vacances ne devraient pas être un luxe, ni une parenthèse qu’on paie au prix fort. Elles sont une respiration nécessaire, un espace de régulation essentiel pour les individus comme pour les organisations.

Le stress des vacances en entreprise est devenu un phénomène tellement répandu qu’on en oublie son absurdité. Cependant, il n’est pas normal de partir épuisé en congés, de rester connecté par réflexe, ou de revenir la boule au ventre. D’autres modèles existent, plus sains, plus clairs et plus efficaces pour tout le monde.


Envie de reprendre le contrôle ?


Si vous vous reconnaissez dans ces situations, si vous sentez qu’il est temps d’agir à votre échelle en tant que dirigeant, manager ou collaborateur, parlons-en. C’est souvent à notre niveau que le déclic peut avoir lieu et que le système commence à bouger.



Prenez rendez-vous pour une séance offerte et sans engagement d'une heure, et explorons ensemble ce que cela pourrait changer pour vous.



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Nicolas Carré - Fondateur du cabinet Ma Valeur Humaine

Expert RH | Coach professionnel certifié | Formateur

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